dimanche 1 mai 2011

Prose puckée des grands jours

En fouillant les sédiments d'anciens disques durs j'y ai trouvé du mou, concocté y a peut-être bien 6 ans. Ça s'éructe comme suit:


Hyperstrophes pour un fou



À trop frayer avec les béquilles tu es devenu le support de ta propre inaptitude. Tu es l'œil jadis vif désormais veuf d'un borgne épris de 3D. Une tache aveugle qui, sans conviction, scie sa cécité au canif suisse (limaille de fer et petites cannelures croches). Par delà les contours ravinés du sens qui s'effilochent, tu rêves encore de liberté. Et fin seul tu t'écarquilles à n'en plus voir clair qu'obscur.

Avide de relief, tu escalades le non-dit à la cane et au pic jusqu'à la contre-empreinte.  Par moment, tu es récompensé: des splendeurs éocènes assiègent tes sens, puis des trous noirs gommés au braille des cordillères se relayent sans cesse, comme dans un film de Godfrey Reggio.

Puis tout cela est masqué par l'immonde fumard de la toundra mondaine. Déserts culturels et bals masqués conjugués à l'aune du chic. Stratagèmes sociaux, ni plus ni moins. Le navrant encapuchonné dans le vison bon marché, comme un petit-four triste… à gerber.

Ta compote de mots soufrés paraît soudain suspecte aux yeux des fêtes galantes d’Amérique. Suspecte, comme cet homme qui se découd à mesure qu'il nous avoue avoir été confectionné en Asie. Made in Taïwan, lis-je sur son étiquette. Sentir le fagot, c'est pareil!

"La résilience Ducon tu connais!?", qu'il me dit avant de se changer en un curieux monticule décousu de fils blancs.  Il y a de quoi abreuver en gestes des marionnettes pour les dix prochains jours!, me dis-je.

Le maître de céans, c'est toi. Tu devrais a minima commencer à le supputer. Au lieu, tu lis Villon recroquevillé dans l'anfractuosité où tu as tissé ton cocon. Tu le suis à la trace jusqu’aux Ballades des contre-vérités. Tu t’endors.

Tu as le je-t'aime à fleur de gâchette. Ça effraie les jouvencelles. Or comme tu as été flingué dans le rêve d’avant, tu peux comprendre le champ des craintes mignonnes qui baigne les détonations.

Derrière toi, le temps pendouille, beau, parce qu'hors d'atteinte. Il tilt pour annoncer la fin prématurée d’une partie de billard galactique, qu'il sait, va mal tourner. Rabat-joie, va!

Enfin, une certitude: tu es un biface sculpté nerveusement. Nue sous l’image-orthicon, l'asymétrie de ton visage à deux faces crève les yeux.

2 commentaires:

  1. Ça me dit qqch, ce texte ! Tu me l'avais fait lire j'imagine.

    J'ai bien aimé : « Tu as le je-t'aime à fleur de gâchette. Ça effraie les jouvencelles. Or comme tu as été flingué dans le rêve d’avant, tu peux comprendre le champ des craintes mignonnes qui baigne les détonations. »

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  2. Merci... but it's the old me. However it sounds good. Et ça fait drôle de se relire 6 ans plus tard. Tous les poèmes ne vieillissent pas bien. Je ne renie pas celui-ci. Il est plutôt efficace, dans le genre écriture automatique...

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